Le mot de la présidente

Cher adhérent,

M. François HOMMERIL, candidat à sa réélection à la présidence de la confédération CFE-CGC s’est vu confier, par les congressistes, un troisième mandat le 23 mars dernier. Le nouveau trio exécutif est complété par Jean-Philippe Tanghe, élu secrétaire général, et Farida Karad, élue trésorière nationale.

Evidemment, parmi les sujets à l’ordre du jour de ce congrès, les retraites.

Hommeril a fustigé, à nouveau, la réforme comme étant « l’overdose des réformes soi-disant courageuses », a rappelé avoir dès le début dénoncé sa motivation suspecte et déséquilibrée, « son argumentaire précaire » et « l’injustice de son impact ».

A l’heure où nous écrivons ces lignes le conseil Constitutionnel n’a pas encore rendu ses décisions. Le gouvernement mise peut être sur une résignation des Français.

Toutefois, comme l’a souligné M. Hommeril, il est bien difficile de mener un pays vers l’avenir avec des gens résignés….

Quoi qu’il en soit, le financement des retraites repose sur une économie où le travail est central et abondant.

Pourtant, ne risquons-nous pas d’être confrontés à une raréfaction du travail sous l’effet des dernières avancées technologiques ?

La question de l’influence du progrès technique sur l’emploi, les métiers suscite, depuis des siècles, de l’enthousiasme mais aussi des craintes.

Rappelons-nous, la mécanisation des tâches dont la révolution industrielle est emblématique, a entraîné des contestations violentes des travailleurs dépossédés de leur savoir-faire et de leur mode de travail.

Toutefois, il semble aujourd’hui que nous franchissions de nouvelles étapes avec le développement de l’intelligence artificielle et l’arrivée, dans notre société, d’outils désormais dotés de facultés cognitives, de talents créatifs et parfois même de réactions émotionnelles…

Notons d’ailleurs la rapidité fulgurante de son adoption par des millions de gens grâce notamment à ChatGPT et au lancement GPT-4, une nouvelle version sortie en mars avec des améliorations considérables.

Deux clans s’affrontent : ceux qui considèrent que l’intelligence artificielle va dévaloriser le capital humain et les autres qui pensent que cette intelligence, à portée de tous, rendra plus créatif.

Pourtant nous avons tous relevé que le Président de l’entreprise qui a développé ChatGPT, Sam Altman, s’inquiète lui-même de la rapidité avec laquelle certains emplois seraient remplacés dans un avenir proche.

Une nouvelle étude d’Open AI publiée en mars dernier estime que ChatGPT et les futurs outils génératifs, qui en dérivent pourraient avoir un impact sur la moitié des tâches accomplies par environ 19% des travailleurs aux Etats Unis et 80% verraient au moins 10% de leurs tâches affectées par ChatGPT.

Devons-nous tendre vers une automatisation de tous les emplois y compris les plus gratifiants ?

En attendant que les IA progressent, elles commencent par s’occuper des tâches qui ne requièrent pas beaucoup d’expérience, mais nous savons bien que les intelligences artificielles vont s’améliorer ce qui va forcément avoir un impact surtout pour les jeunes : il faudra qu’ils puissent entrer dans l’entreprise à un niveau plus élevé.

Encore faudrait-il que les nouvelles générations soient davantage diplômées…

Il est bien difficile d’estimer le taux de remplacement des emplois par des machines et des ordinateurs mais il est possible que le remplacement soit proche et peut être plus rapide et brutal que l’on ne l’avait imaginé.

Finalement, un monde du travail meilleur n’est pas garanti.

L’avenir du travail dépendra, dans une large mesure, des choix de politiques publiques que feront les pays comme l’a souligné un rapport de l’OCDE de 2019- l’avenir du travail- perspectives de l’emploi–

 

Nelly FROGER

Présidente Nationale